Chers paranges*, je tiens à vous partager la lettre que j’ai écrite à Gabriel à l’occasion de ses funérailles. Oui, c’est une lettre très personnelle. La raison de mon partage est celle-ci: Je tiens à ce que vous vous sentiez compris et moins seuls dans cette peine. On ne peut jamais la comprendre à 100%, tant qu’on ne l’a pas vécue. Aussi, je me donne comme défi de rendre le deuil périnatal moins tabou et plus reconnu en société.  

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La perte d’un bébé est toujours une épreuve indescriptible. En tant que parents, nous nous sentons souvent incompris.   

Mon bébé Gabriel est né à 17 semaines de grossesse suite à une maladie génétique létale. J’ai porté mon bébé pendant 17 semaines, je l’ai accouché et j’ai ensuite dû quitter l’hôpital le ventre et les mains vides. J’ai vécu, et je vis encore, une peine d’une intensité incroyable.

Voici ma lettre,  

Molka

*Parange: Parent qui a perdu un enfant pendant la grossesse, après la maternité ou longtemps après. 

Sache que tu ne seras jamais oublié mon petit cœur.   Maintenant, veille sur nous et sur notre famille. Je t’aime d’un amour inconditionnel

Mon cher petit bébé Gabriel, 

 Si tu savais à quel point je t’aime.  

 Ton départ me fend le cœur. C’est la pire douleur qu’une maman peut éprouver dans toute sa vie.  

 Je me souviendrais toujours des 17 semaines que nous avons passé ensemble. Il y avait quelques moments de fatigue et de nausées, mais oh combien que j’appréciais de t’avoir dans mon bedon. J’ai pris soin de mémoriser tous les petits détails de notre cohabitation : les innombrables bols de céréales que j’ai mangés, Les canettes de coca cola bus ainsi que les vomissements matinaux quotidiens.  

 À ta naissance, ton papa et moi avons pris le temps de te prendre dans nos bras, de t’embrasser, de te parler. Nous t’aimons tant mon petit chaton. 

 Tu semblais tout paisible au creux de ma main et du haut de tes 30 grammes. Ça m’a fait de la peine de voir les imperfections de la maladie et les ravages que l’accouchement a causé. Mais Gabriel, ne t’en fait pas : tu es parfait à mes yeux. Tes 10 petits doigts, tes petits pieds tout parfaits, ton petit nez, ta bouche et tes petites oreilles toutes minuscules. Tout était parfait et je garde en mémoire la beauté d’un petit ange, de mon petit ange.   

Ton départ est vécu comme un coup de poignard au cœur, comme si on m’arrachait une partie de moi. C’est une douleur si vive et indescriptible. Je ne la souhaite à personne. C’est non seulement la peine de perdre son enfant, mais c’est tous des rêves de moments en famille envolés en un coup de vent 

 Ceux qui perdent leur époux son veufs, 

Ceux qui perdent leurs parents sont orphelins… 

Mais qu’en est-il de ceux qui perdent leur enfant? Il n’y a tout simplement pas de mot pour le décrire. 

 Il y a plusieurs étapes au deuil qui sont décrits dans plusieurs ouvrages: le choc, la colère, le marchandage, la tristesse et l’acceptation. Ces étapes se mêlent et tourbillonnent suivant le décès d’un proche.  

 Mais comment est-ce possible d’accepter la mort de son enfant? Comment est-ce possible de passer au travers?  

 Suite à ton départ, mon beau bébé Gabriel, ma sœur de cœur, Valérie, m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup marqué. Elle m’a dit : Je ne crois pas que c’est possible d’arriver à l’étape d’acceptation suite au décès de son enfant ; c’est plutôt de la résilience.  

Ses paroles m’ont enlevée toute pression et toute culpabilité par rapport à ma peine. Cette dernière a été normalisée et enfin comprise.  

 Je n’accepterais jamais ton départ mon beau Gabriel. Je le vis comme une injustice de la vie. Par contre, je vais apprendre à vivre avec au quotidien en étant résiliente.  

 Dernièrement, quelqu’un m’a demandé “combien as-tu d’enfants?”. Sans hésitation, j’ai répondu que j’en avait 2. Sache, mon petit bébé, que tu fais partie de notre famille et que tu en feras toujours partie.  Tu es un enfant autant unique et autant aimé que ton grand frère Eliam et que tes futurs frères et sœurs. 

 Mon petit Gabriel, j’ai apprécié chaque moment vécu avec toi.  

 

-Maman