Les dix choses que j’aimerais ne plus jamais enseigner à propos du syndrome du bébé secoué, mais auxquelles tu dois être sensibilisé
1- Chaque parent est à risque de secouer son enfant. Vraiment, tout le monde sans aucune exception. Facile n’est-ce pas d’affirmer le contraire? Et pourtant… À quand remonte la dernière fois ou tu as été privé de sommeil pendant plusieurs semaines consécutives. À quand remonte la dernière fois où prendre ta douche était ton meilleur moment de la journée? À quand remonte la dernière fois où tu n’as pas été en mesure de boire et manger chaud? La parentalité est sans aucun doute une des plus belles choses qu’un être humain puisse expérimenter, mais cela est également vrai de dire que c’est l’une des étapes les plus éprouvantes d’une vie. Ainsi, quand un parent est à bout du rouleau et que son bébé exprime à pleins poumons son mécontentement, certains peuvent littéralement perdre tout contact avec la réalité et secouer violemment bébé pour le faire taire. C’est horrible et inacceptable, mais ça arrive… Trop souvent même.
2- Bien que la moyenne des bébés victimes de ce geste de violence soit entre 2 et 5 mois, un enfant peut en subir les séquelles jusqu’à l’âge de 4 ans. Évidemment, plus l’enfant est en bas âge, plus grands sont les risques de dommages au cerveau. Aussi, les bébés de moins de 3 mois pleurent souvent plus que les plus vieux. C’est important de se renseigner sur les pleurs avant de devenir parent. Ça devrait être écrit sur les autobus de la ville et les panneaux publicitaires! Sommairement, il peut ou non y avoir des raisons qui poussent un bébé à pleurer. Notre rôle est de veiller à éliminer toutes les causes possibles, à chercher activement des solutions de réconfort et parfois, juste de l’accompagner dans son émotion.
3- C’est près d’un bébé sur cinq qui va décéder à la suite d’un épisode de maltraitance sous forme de secousses violentes. Pour les autres, la grande majorité va y laisser une partie de son cerveau, créant ainsi des séquelles permanentes pour le restant de ses jours. Quand on y pense, c’est assez ironique puisque le parent qui croyait en avoir tout vu avec un bébé en pleurs devra par la suite composer avec un enfant avec des difficultés d’apprentissage, des troubles de comportement, un handicap ou une paralysie… Ça, c’est s’il ne finit pas en prison pour son acte criminel!
4- Contrairement à ce que tout le monde pense, ce n’est pas lors d’une période de jeux que le syndrome du bébé secoué survient. Vous pouvez laisser « mononcle » Gérard jouer à l’avion et votre enfant pourra faire du tigalop sur les genoux de papa, tant que l’on garde le gros bon sens en tête. Pour causer des dommages, la tête de l’enfant est projetée avec violence dans tous les sens. Son cou est faible et sa tête démesurément grosse, donc quand on le secoue en agrippant son tronc ou ses bras, sa tête ballotte comme les figurines qu’on installe dans les autos. Les images obtenues dans le cadre des examens de santé sont claires et incontestables; ce n’est jamais un simple accident!
5- Pourquoi est-ce aussi lourd de conséquences? Parce que le cerveau de bébé est en pleine croissance. Pensez-y, en l’espace d’un an il va apprendre à manger seul, à marcher et même dire quelques mots. C’est l’équivalent d’un adulte qui apprend le mandarin, le violon et la nage synchronisée alors qu’il construit sa maison sur mars. C’est tout simplement stupéfiant! Pour permettre un tel emmagasinement d’informations, le cerveau est plus malléable. Lors des secousses, le cerveau est tiraillé et des ruptures se font dans les vaisseaux qui traversent ce dernier. Une hémorragie vient comprimer les cellules essentielles à la survie, à l’apprentissage, au contrôle des émotions ou encore à la vision…
6- La majorité du temps, le coupable est un parent de l’enfant. Difficile à croire lorsqu’on aime une personne au point de lui faire un enfant… Mais il est important de rester vigilant. Aussi, d’autres personnes de l’entourage peuvent commettre ce geste irréparable en votre absence. Dans certains cas, ce sont des frères et sœurs plus grands, dans d’autres des éducatrices ou des grands-parents. Le secret de la prévention repose dans la sensibilisation. N’ayez pas peur d’aborder le sujet avec eux, de leur enseigner des stratégies et de valider leur compréhension. Plus nous allons en parler, moins de bébés y seront exposés.
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7- Observer votre bébé, c’est la seule façon de se rassurer. Les blessures ne sont pas visibles de l’extérieur, sauf si la tête du pauvre coco s’est cognée durant l’épreuve ou encore qu’une fracture se soit imposée durant l’agression. Je sais, c’est difficile à imaginer, mais encore plus à éradiquer. Les signes et symptômes à surveiller sont assez variés : irritabilité, somnolence, léthargie, tremblements, convulsions, perte de conscience ou difficulté à respirer. Tous peuvent se manifester ou pas, il faut donc consulter rapidement en cas de doute.
8- Avant de devenir trop suspicieux, apprenez à vous méfier d’abord et avant tout de vous-même. Faire l’autruche et se dire que ça arrive juste aux autres… Ce n’est pas un luxe que peut se permettre un parent. Ainsi, il faut reconnaître que certaines situations nous rendent moins tolérants aux pleurs de notre enfant. Fatigue, dispute conjugale, problème de santé mentale, difficulté financière, prise de drogues ou d’alcool… Voilà les ingrédients d’un cocktail explosif pour tous les parents.
9- Déposer son bébé, c’est lui rendre service. Je sais, on répète encore et toujours qu’il ne faut pas laisser pleurer les bébés et c’est absolument vrai… Mais, il y a un, MAIS! Quand une personne remarque que sa patience lui fait défaut, que sa respiration s’accélère, sa température monte tout comme le ton de sa voix et que ses muscles se crispent à chaque nouvelle expiration hurlée par bébé… Il faut alors le déposer. Je vous le dis, cela va vous arriver. Vraiment. Tous les parents vivent un moment de dépassement excessivement frustrant. Pour certains c’est durant les premiers mois, le terrible two et pour d’autres ce sera pendant la fameuse crise d’adolescence!
10- Relayez-vous auprès du petit! Si vous êtes seul, appelez à l’aide une amie ou un parent. Vous craignez d’être jugé, contactez une ligne confidentielle comme la ligne parent. Vous êtes seul et personne ne peut venir, alors vous devrez agir. Trouvez un endroit sécuritaire pour votre coco comme sa bassinette. Puis quittez la pièce, fermez la porte et éloignez-vous de lui. La clé est de rester disponible pour veiller à sa sécurité physique (pensons ici à un feu), mais sans entendre ses cris. La seule façon de gagner en tolérance est de vous couper du bruit strident qu’émet l’enfant. Une douche, une paire d’écouteurs, une sortie sur le balcon… Trouvez votre recette maison. Puis, toutes les 15 minutes, jetez un œil à bébé. Quand vous vous sentez prêt, prenez-le dans vos bras et expliquez-lui ce qui vient de se passer. Les mots il ne comprendra pas, mais le langage des émotions est quant à lui universel. Croyez-moi, ça vous fera du bien à tous les deux.
Finalement, sachez que ça peut arriver à tous les parents. Oui, je sais je me répète! Mais j’aimerais ajouter une chose…
Les pleurs d’un bébé sont un moyen de défense hautement efficace qui a permis à l’être humain de traverser plusieurs époques. Ainsi, le pleur est une arme hautement sophistiquée, d’une durée parfois indéterminée et dont le volume est survolté. Un mécanisme, présent chez bébé, permet de bloquer ses oreilles afin de lui permettre d’exprimer pleinement ses cris d’aide. Du côté des adultes, un cryptage cérébral rend un cri de bébé insupportable. L’être humain est programmé pour répondre présent chaque fois qu’un bébé s’époumone!
Ainsi, un adulte qui n’est pas profondément bouleversé par un bébé en pleur est soit un psychopathe, soit… Une infirmière! Mais ça, c’est une autre histoire hihi!