Nous avons tous eu une merveilleuse nouvelle: un nouveau petit bébé s’ajoutera dans quelques mois dans notre entourage.

 On est excités, on réfléchit aux cadeaux, au shower, au prénom.

On s’imagine ce beau bébé qui arrivera sous peu. Tout va changer! Les prochaines réunions de famille seront différentes.

L’ambiance est palpable, joyeuse, fébrile.  

Puis tout à coup, tout tombe.

La fébrilité, l’excitation, les projets. Comme si un énorme orage survenait de façon brusque, sans que personne ne puisse s’y préparer. Il pleut tellement violemment que nous perdons nos sources. L’entière de notre maisonnée est inondée. La vie s’acharne sur la famille.

Nous sommes perdus, attristés, anéantis. 

Le petit bébé tant attendu est décédé. 

Nous ressentons une boule dans notre gorge. Plein de sentiments traversent nos pensées. Nous sommes sous le choc. Et puis, on s’imagine la peine que les parents vivent. La perte soudaine d’un enfant est le pire cauchemar de tout parent.  

 Mais quoi leur dire? On aimerait tant les soutenir et les réconforter, même si cela semble être une tâche impossible vu l’intensité de l’épreuve qu’ils traversent. Est-ce qu’on se risque à dire quelque chose de blessant? Est-ce qu’on préfère ne rien dire et ignorer la situation par peur de dire quelque chose de déplacé? 

Un de mes mots d’ordre est alors : Ne pas ignorer la situation 

Pour personnellement être passée par un deuil périnatal, c’est difficile de voir un de nos proches ignorer la situation. On aimerait tant que les gens se souviennent de notre petit ange. Il fait partie de la famille après tout! On l’a porté, accouché, aimé. Et on l’aimera toujours, peu importe le temps qui passera. 

Vous vous dites maintenant : Mais que dois-je dire alors si je ne suis pas à l’aise et que je ne veux pas blesser les parents? Et bien, soyez honnête avec ceux-ci. Dites exactement comment vous vous sentez ainsi que votre malaise. 

Suite à l’annonce de la maladie létale de mon bébé et suite à son décès, j’ai reçu plusieurs paroles qui se sont avérées blessantes. Je sais très bien que les gens voulaient bien faire et nous soutenir. Par contre, ces paroles “déplacées” ont amené beaucoup de frustration. Je me suis rendue compte que les gens ne savent pas comment agir suite à un deuil périnatal. C’est malheureusement encore tabou et caché dans notre société. 

“Choses à ne pas dire”

#1 “Reste Positive”

Comment est-ce possible de rester positive suite au décès de notre enfant? Où sont les éléments positifs dans sa perte? Je suis consciente que cette parole est pour soutenir les parents et pour leur remonter le moral, mais elle s’avère frustrante.  

#2 “C’est un mal pour un bien”

C’est le même principe que l’élément précédent : Où est le bien dans cette situation? En quoi le décès de mon bébé est-il bien?

#3 “Tu es encore jeune, tu en feras un autre!”

Que je sois jeune ou plus âgée, ça ne fait aucune différence sur la douleur qu’est un deuil périnatal. Même si j’ai encore l’âge de concevoir “pour en avoir un autre”, j’étais attachée à mon bébé. Je le voulais lui.  Présentement, je ne pense pas aux enfants futurs, car toute mon attention est sur mon bébé que je viens de perdre. Ça nous donne aussi l’impression que cet enfant est “remplaçable” par un autre, mais ce n’est pas le cas. Ce bébé restera toujours mon bébé et il fera toujours parti de mes enfants, même si on ne l’a pas vu vivant, auprès de nous au quotidien. 

#4 “Tout arrive pour une raison”

Peu importe nos croyances (ou les vôtres, chers lecteurs!), il n’y a AUCUNE bonne raison valable dans cet univers pour expliquer le décès de notre bébé. Je ne dis bien AUCUNE : Même si ce bébé était malade. On s’entend qu’aucun enfant ne devrait souffrir d’une maladie grave! Comment puis-je pardonner la vie? Comment puis-je trouver la “bonne raison” de son départ précoce? Je ne peux pas, parce qu’il n’y en a tout simplement pas. Il faut alors, selon mon opinion, éviter d’utiliser ces paroles vides de sens.  

#5 “Compte-toi chanceuse, tu as déjà des enfants”

Ça change quoi que j’aille des enfants ou pas? J’ai quand même perdu un bébé! Peut-être que j’en ai déjà, mais j’en attendais un autre qui était aussi unique que mes enfants plus vieux. Ça ne diminue absolument pas ma peine et ça n’allège pas mon deuil non plus. J’aime mes enfants plus que tout au monde et mon bébé que j’ai perdu en faisait partie.  

#6 “Au moins, tu l’as perdu tôt”

Bon…c’est le même principe ici aussi : Je l’aimais déjà. Je le voulais lui pour qui il était. Peu importe le nombre de jours, de semaines et de mois que je l’ai porté, je l’ai aimé plus que tout au monde. Le temps de la grossesse n’est pas proportionnel avec l’intensité de notre deuil ou de notre tristesse. À toi, chère maman lectrice (et cher papa lecteur), tu as le droit d’être triste, même si ta grossesse a malheureusement été écourtée. 

Évidemment, je n’ai pas énuméré toutes les paroles blessantes, mais les plus communes.

Je me fie beaucoup sur mon expérience personnelle.

Ne me lancez pas des tomates s’il-vous-plaît!  

Voici des paroles à dire pour soutenir des parents vivants un deuil périnatal. Il y a également des actions pour les aider :

#1 “Comment vas-tu aujourd’hui?”

Prenez le temps de prendre des nouvelles des parents et de ne pas les ignorer. Par contre, évitez d’insister et de demander des nouvelles tous les jours ; cela peut être difficile au quotidien pour les parents. Priorisez la question ouverte. Évitez celle-ci : “J’espère que tu vas mieux?”. Cette dernière donne l’impression qu’ils doivent aller mieux, même s’ils sont en deuil. Elle est vécue comme forme de pression ou d’incompréhension de votre part.  

#2 “Je suis disponible pour t’écouter”

Cette ouverture d’esprit et l’offre de cette disponibilité nous fait sentir moins seuls et mieux accompagnés durant cette épreuve. Vous n’avez pas besoin de dire quelque chose en particulier, seulement d’écouter si le parent désire se confier ou discuter de la situation avec vous.

#3 “Que puis-je faire pour t’aider?”

Malgré le décès de bébé, il nous reste toutefois des choses à faire au quotidien. Celles-ci peuvent être difficiles à faire après un accouchement ou durant le deuil. La personne vous exprimera ses besoins selon sa situation spécifique. 

#4 Utilisez le prénom du bébé lorsqu’on parle de lui/elle

Si ce bébé a un prénom, il est important de l’utiliser. Les parents ont pris un moment pour choisir le plus beau prénom à leurs yeux pour leur enfant. Ce bébé, même s’il est décédé, a une identité propre à lui. Ce n’est pas un objet ni quelque chose d’abstrait. Il a existé, il mérite qu’il soit reconnu et appelé par son prénom.  

#5 Aider à s’occuper des enfants plus vieux (si désiré par les parents)

Les parents ont parfois besoin de se retrouver entre eux pendant un moment pour digérer la nouvelle. Certains doivent également planifier des funérailles, avoir plusieurs suivis médicaux, etc. Il se peut qu’ils aient besoin d’aide avec les enfants plus vieux! Vous pouvez alors leur proposer d’emmener les plus vieux au parc, faire une activité ou autre. C’est d’une aide incroyable! 

#6 Apporter des petits repas

Personnellement, la dernière chose que je voulais faire suite à la perte de mon fils était de cuisiner et de faire les tâches quotidiennes. Je n’avais tout simplement pas la tête à ça! Quelques membres de mon entourage m’ont apporté des plats et cela s’est avéré d’une aide précieuse.  

À toi, mamange et papa-ange, je t’envoie beaucoup beaucoup d’amour.

Voilà! Je vous laisse avec une infographie qui peut vous servir d’aide-mémoire. Vous pouvez également la partager à vos proches! Je me fais un défi personnel de rendre le deuil périnatal plus reconnu et moins tabou en société.

À toi mon bébé Gabriel, je t’aime à l’infini   Xox 

Molka Ben Ayed